Particules Fines sur la Mortalité en France Continentale

Thèmes et Idées Principales

1. Fardeau Sanitaire Lourd de la Pollution aux PM2,5 en France :

• L'exposition chronique aux particules fines PM2,5 d'origine anthropique est associée à un nombre considérable de décès.
• Estimation Clé : L'EQIS estime que la pollution par les PM2,5 est responsable de "48 000 décès par an" en France continentale, ce qui représente "9 % de la mortalité en France".
• Perte d'Espérance de Vie : Cela correspond à une perte d'espérance de vie à 30 ans qui "peut dépasser 2 ans" dans les zones les plus polluées, notamment l'agglomération parisienne.
• Le rapport établit que l'impact de la pollution de l'air est "supérieur à celui des accidents de la route mais inférieur à celui du tabac" en termes de déterminant de santé.

1. La Pollution Atmosphérique, un Problème Majeur de Santé Publique au Niveau Mondial et Européen :

• La pollution de l'air est un problème de santé publique global. L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a estimé "3,7 millions de décès" provoqués par la pollution de l'air extérieur au niveau mondial en 2012.
• En Europe, l'Agence Européenne de l'Environnement (AEE) a estimé en 2015 à "plus de 400 000 le nombre de décès attribuables chaque année à la pollution aux particules fines PM2,5 en Europe (dont plus de 43 000 en France)".
• Plus de 90 % des citadins européens sont exposés à des niveaux de pollution jugés nuisibles selon les valeurs guides de l'OMS.

1. Lien Direct avec le Développement des Maladies Chroniques :

• L'exposition aux particules fines contribue au développement de maladies chroniques par des mécanismes tels que le stress oxydatif et l'inflammation.
• Maladies Concernées : Le rapport cite les maladies cardiovasculaires, respiratoires, neurologiques et les cancers. Elle "favorise également des troubles de la reproduction et du développement de l’enfant" et aggrave les symptômes chez les personnes déjà malades.
• Le caractère cancérogène des particules fines a été reconnu par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) de l'OMS en 2013.

1. Inégalités Territoriales et Impact en Zones Rurales :

• Bien que les concentrations de PM2,5 soient plus élevées dans les grandes unités urbaines (Région parisienne, Nord-Est, axe Lyon-Marseille), il existe des "inégalités territoriales et un impact sanitaire non négligeable dans les zones rurales".
• Plus de 800 000 personnes résidant en zones rurales sont exposées à des valeurs dépassant 14 µg/m3 en moyenne annuelle, parfois sous influence industrielle (ex: Étang de Berre).

1. Bénéfices Potentiels Conséquents de la Réduction de la Pollution :

• L'étude explore plusieurs scénarios de réduction des niveaux de PM2,5, révélant des gains sanitaires importants.
• Scénario le Plus Ambitieux ("communes équivalentes les moins polluées") : Si toutes les communes atteignaient les niveaux des 5 % les moins polluées de leur classe d'urbanisation, "plus de 34 000 décès pourraient être évités chaque année", soit une baisse moyenne de la mortalité de près de 7 %, et un gain moyen de 9 mois d'espérance de vie à 30 ans.
• Scénario "respect de la valeur guide OMS" (10 µg/m3) : Ce scénario permettrait d'éviter "17 700 décès chaque année" (dont 12 800 en unités urbaines de plus de 100 000 habitants), avec un gain moyen de 7 mois d'espérance de vie à 30 ans dans les grandes agglomérations.
• Les scénarios moins ambitieux (Grenelle de l'environnement à 15 µg/m3 ou réglementation européenne à 20 µg/m3) montrent des bénéfices nettement moindres (3 000 et 10 décès évitables respectivement), soulignant la nécessité d'objectifs plus stricts.

1. Périmètre et Méthodologie de la Nouvelle EQIS :

• Cette nouvelle évaluation, réalisée sur la période 2007-2008, est la première à reposer sur des données environnementales et sanitaires françaises consolidées par des données européennes.
• Elle couvre les 36 219 communes de France continentale, représentant plus de 61,6 millions d'habitants.
• Les PM2,5 ont été utilisées comme "traçeur ou indicateur global de la qualité de l’air" en raison de leur statut d'indicateur de pollution le plus étudié en termes d'effets sur la santé.
• L'étude utilise des relations concentration-risque établies à partir d'études épidémiologiques européennes et françaises, et une estimation de l'exposition par modélisation de chimie atmosphérique (modèle Gazel-Air) avec une échelle spatiale fine (maille de 2 km).
• Les résultats sont cohérents avec les estimations antérieures de l'OMS (17 000 décès pour le scénario OMS) et du programme CAFE (42 000 décès pour un scénario proche du "sans pollution anthropique").

1. Mesures "Sans Regret" et Co-Bénéfices :

• Le rapport insiste sur la nature de "mesures « sans regret »" des interventions sur la pollution de l'air.
• La réduction des émissions de polluants atmosphériques peut également "limiter les émissions de gaz à effets de serre et contribuer ainsi à atténuer le changement climatique".
• Ces actions améliorent la santé aujourd'hui (qualité de l'air) et réduisent les risques pour les générations futures.
• La baisse des niveaux de pollution de l'air est un "levier d’action majeur pour la prévention des cancers, des pathologies cardiovasculaires et respiratoires, et des maladies neurodégénératives".

Conclusion

Cette EQIS confirme l'ampleur du fardeau sanitaire de la pollution aux particules fines en France, soulignant que des dizaines de milliers de décès sont attribuables annuellement à cette exposition. Les résultats plaident fortement pour la mise en place d'actions ambitieuses et durables de réduction de la pollution atmosphérique, non seulement pour améliorer la santé et l'espérance de vie de la population française, mais aussi pour générer des co-bénéfices environnementaux et sociaux significatifs, notamment dans la lutte contre le changement climatique.

Source : Extraits de "40016_eqis-impacts-exposition-chronique.pdf" (Santé publique France, 2016)